A Lens, la Fondation Opale propose jusqu’au 16 novembre prochain, SOUS LES REFLETS DU MONDE, une exposition sous le commissariat de Samuel Gross, qui réunit deux artistes: l’aborigène australienne Sally Gabori (ca. 1924 – 2015) et l’américain Forrest Bess (1911 – 1977). Outre l’apparente contradiction visuelle, leurs pratiques respectives convergent et émerveillent de vulnérabilité et humilité. Découverte.
La Fondation Opale
C’est un superbe écrin inauguré en décembre 2018 qui abrite la Fondation Opale, unique centre d’art contemporain dédié au rayonnement de l’art autochtone australien en Europe. Ses expositions se basent principalement sur la Collection Bérengère Primat, qui compte plus de 1’900 œuvres de plus de 350 artistes, et forme l’un des fonds les plus importants d’art aborigène contemporain en mains privées. La présidente de la Fondation découvre l’art aborigène il y a plus de vingt ans lors de la visite d’une exposition à Paris. C’est pour elle un bouleversement et de cette rencontre artistique naît l’ambition de faire rayonner cet art en Europe. Immersion au coeur de la nouvelle exposition qui nous transporte en laissant l’empreinte d’une certaine tranquillité intérieure.
Au delà de la surface, au plus près de l’intériorité.
Les lumineux espaces de la Fondation Opale laissent toute la place nécessaire à la contemplation et dès l’entrée, le visiteur est invité à rester le temps nécessaire pour apprivoiser la puissance des flots de couleurs de Gabori déposés sur de grands formats. C’est une observation forte et active qui invite le spectateur à plonger en plein coeur des émotions dégagées par les gestes fluides de cette artiste qui a commencé à peindre à l’âge de 81 ans. Ses tableaux sont autant de rêveries que des tentatives de récupérer le territoire perdu de son enfance. En dialogue, les petits formats de Forrest Bess, plus austères en apparence, ne dégagent pas moins de suggestion contemplative: les formes, les couleurs des compositions de l’artiste laissent champ libre au voyage.
« Rien ne semble rapprocher les deux artistes et pourtant, à regarder leurs oeuvres, il y a comme une évidence. Dans des formats très différents, voir opposés, s’exprime la même immersion dans un espace chromatique formel. (…) Sally Gabori comme Forrest Bess ont passé leurs vies comme pêcheurs. L’eau comme la peinture est un fluide qui module les images par reflets. C’est peut-être là leur espace commun, savoir que le monde n’est pas un aplat sans épaisseur parcouru seulement en surface. » Samuel Gross, curateur de l’exposition.
https://www.fondationopale.ch/
