Art Basel Paris, une première édition très attendue ou l’effet wow du Grand Palais.


Après la FIAC et Paris +, place à Artbasel dans la capitale française. Après de nombreuses discussions avec la ville de Paris et Rachida Dati notamment, la foire d’art suisse la plus bankable du milieu a posé ses valises dans un Grand Palais flambant neuf du 18 au 24 octobre sous la houlette de Clément Delépine. A cette occasion, ce dernier a déclaré : « Nous œuvrons depuis plus de deux ans à l’organisation de l’édition 2024 d’Art Basel Paris au Grand Palais. C’est un moment fort, solennel de voir ce projet s’incarner au cœur de Paris. Nos galeries, partenaires, collectionneur·euses et visiteur·euses ont tous contribué à l’enthousiasme général observé à travers toute la ville, et je leur suis extrêmement reconnaissant. »
Évidemment, les acteurs du milieu attendaient la tenue de la grande messe parisienne avec impatience et il semblerait qu’entre Frieze à Londres et Artbasel à Paris il ait fallu choisir. Du côté des galeries, participer aux deux foires ne fait que peu de sens et beaucoup de frais. Pour les collectionneurs, il semblerait que Paris remporte la mise… Il faut dire que l’offre est hyper séduisante et super calibrée : que ce soit les galeries, les fondations d’art privées ou les institutions, tous présentent des expositions d’envergure : Dana Schutz chez David Zwirner, Rachid Johnson chez Hauser & Wirth, Sturtevant chez Thaddeus Ropac, Tom Wesselman à la Fondation Vuitton ou encore Hans Josephsohn au MAM en passant par la célébration du Surréalsime au Centre Pompidou et de l’Arte Povera à la Bourse de Commerce…Bref, impossible d’en faire une liste exhaustive tant l’offre est riche.

Retour à la foire en elle-même : selon les témoignages de certains des exposants recueillis par le service presse de Artbasel Paris, l’optimisme est de mise : les ventes ont été solides et les collectionneurs américains, asiatiques et européens ont répondu présents. Xavier Hufkens de la galerie éponyme (Bruxelles), parle de « ventes significatives » pendant que Kamel Mennour (Paris) évoque « une première édition remarquable avec des ventes majeures ». Les galeristes d’outre-atlantique quant à eux, évoquent des attentes dépassées, tant en termes de ventes que de dynamisme : Ales Ortuzar, fondateur de Ortuzar, affiche sold out dès les premièrs heures, avec un stand présent les œuvres de l’artiste Takako Yamaguchi, Jacqueline Tran, directrice senior de la galerie new-yorkaise Matthew Marks parle de contre exemple aux discours de ralentissement économique du marché et Jessica Silverman, fondatrice de Jessica Silverman Gallery à San Francisco se réjouit d’avoir placé des œuvres dans des collections en France.
Au terme de cette première édition, il semblerait donc bien que Paris, capitale olympique des arts, retrouve enfin sa place de premier plan. Mais cela ne s’est pas fait en une journée : la ville Lumière a pu bénéficier des effets du Brexit, diminuant l’attractivé de Londres pour les acteurs du marché de l’art. En plus de la prolifération des fondations d’art de luxe dans la capitale, des galeries de premier rang telles Hauser & Wirth et David Zwirner y ont établi une antenne qui leur permet de rayonner en Europe dans une ville qui est déjà à elle seule une destination touristique prisée. La boucle vertueuse semble donc bouclée pour garantir le succès de la foire et c’est sans compter l’effet colossal de la marque ArtBasel auprès du public qui vient déposer son sceau de qualité sur l’événement.
Mais qu’en est il vraiment de cette première edition si l’on considère uniquement les stands des galeries participantes indépendamment des atours extérieurs ? En tant que visiteur, une fois l’effet Grand Palais passé (à couper le souffle de beauté), la foire se parcourt agréablement : la lumière zénithale aidant évidemment (même sous la pluie), les œuvres sur les stands des allées centrales sont mis en valeur naturellement et la taille humaine des différents secteurs permet de faire le tour en une journée. Si on compare avec Art Basel Basel, car on a beaucoup entendu que Paris allait détrôner la foire de Suisse, le nombre de galeries participantes est quasi divisé par deux et la taille des stands est très limitée, ce qui ne permet pas les mêmes installations.

En bref, si Paris est toujours Paris, Basel reste Basel pour le moment du moins… Les collectionneurs internationaux y sont moins distraits par l’offre environnante et l’objectif au mois de juin dans la cité rhénane est clair : voir et acheter (pour qui peut) le meilleur de la production artistique contemporaine du moment.
Après cette première édition couronnée de succès, il faudra revenir l’année prochaine afin d’avoir un meilleur aperçu de ce que peut offrir cette foire parisienne mais en attendant de clôturer 2024, place à Artbasel Miami qui devrait selon l’optimisme de l’écosystème de l’art contemporain confirmer la bonne direction que prend le marché.

En chiffres (source : Artbasel communiqué de presse)
195 galeries participantes provenant de 42 pays différents
65’000 visiteurs sur les jours VIP et publics.
En ce qui concerne les ventes, quelques prix selon artnet (prix donnés par les galeries à artnet, hors discounts, en USD) :
Plus de 1 million USD
$9.5 million : Julie Mehretu, Insile (2013) at White Cube
$4.1 million : Jean Dubuffet, Parade nuptiale (1971) at Gladstone
$3.5 million : Mark Bradford, Not Quite in a Hurry (2024) at Hauser and Wirth
$2.2 million : Barbara Chase-Riboud, Numero Noir #2 (2021) at Hauser and Wirth
$2 million : Mike Kelley, Memory Ware Flat #10 (2001) at Gladstone
$2 million : Louise Bourgeois, La Forêt Enchantée (Up and Up!) (2006) at Hauser and Wirth
Quelques œuvres entre 100’000 et 1 million USD
$950,000: Ed Clark, Red, Blue, & Black (Paris Series #4) (1989) at Hauser and Wirth
$900,000: Dana Schutz painting at David Zwirner
$750,000: David Hammons, Untitled (Body Print), ca. 1974, at White Cube
$600,000: Jonas Wood, Bball Orchid, (2024) at David Kordansky
$550,000: Wade Guyton, Untitled (2024) at Chantal Crousel
$535,000: Franz Erhard Walther, Sieben Papierblöcke in Kassetten (1962-63) at Jocelyn Wolff
$450,000: Jennifer Guidi, A Fleeting Dance of Day and Night (2024) at David Kordansky
$300,000: Takako Yamaguchi, Stitch (2023) at Ortuzar
$250,000: Elizabeth Peyton work on paper at David Zwirner
$220,000: Salvo, Una sera (1990) at Sprüth Magers
$170,000: Loie Hollowell, Around the clock in flesh yellow and orange (2024) at Jessica Silverman
$128,400: Sidival Fila, Senza Titolo Lino Antico 13 (2024) at Mennour