RICHARD KERN X GALERIE SÉBASTIEN BERTRAND, GENÈVE, 20.09.24 – 09.11.24

Pour cette quatrième exposition personnelle intitulée Classic Prints à la Galerie Sébastien Bertrand, le célèbre portraitiste américain Richard Kern, classe 1957, propose une série de photographies datant des années 80 et 90 aussi brutes que sensibles. Toutes uniques, elles ont été développées à New York auprès d’un expert qui parvient à rendre aux clichés ce grain unique cher au photographe : les aspérités du grain rendent les peaux imparfaites mais leur donnent une présence alors que les noirs sont profonds et intenses. Face à un instantané de Kern, c’est toute une époque qui aspire le spectateur. Les 80’s aux États-Unis, c’était NYC et la contre culture underground, sauvage, avec une diversité artistique hyper prolifique. Du côté de la cité des Anges, éternellement désabusée, la chasse aux rêves se trouve souvent noyée dans les paradis artificiels.

Contributeur régulier pour The Face, Dazed, Numéro, Vice et Purple magazines, Kern a également publié 28 livres. Ses films et photographies ont été exposées au MoMA, au Whitney Museum ainsi que dans plus de 50 expositions personnelles dans le monde. Photographe et réalisateur, Richard Kern créé une proximité entre son objectif, son sujet et le spectateur. Entre distance et voyeurisme, il ne choisit pas mais propose de s’arrêter un instant sur les aspects obscurs de la nature humaine qu’il est d’usage de ne pas mettre en représentation.

Sous l’œil provocateur du photographe, les visages et les corps se livrent dans des moments ou des lieux intimes, sans trop y prêter attention. Voyeur assurément, le style cru et subversif de Kern lui aura valu une reconnaissance de la critique. L’artiste, aussi réalisateur de courts métrages, adresse les thèmes de la sexualité et de la marginalité : des sujets traités sans filtre qui l’occupent également dans ses photographies. Controversé par la force de ses explorations sur les aspects les plus sombres de l’homme, Kern insuffle dans ses portraits une dimension de fragilité et de beauté qui plongent le spectateur dans un état simultané d’attraction et d’inconfort. La puissance évocatrice des compositions du photographe mêle désir et angoisse. L’esthétique borderline des clichés sur le vif, tous en noir et blanc, s’inscrit dans la veine de Hedi Slimane ou Oliver Zahm. C’est donc le regard anti-conformiste de Kern qui se plait à dépeindre le beau dans les imperfections et les ambiguïtés.

Galerie Sébastien Bertrand, Richard Kern, Classic Prints, 20.09.24 – 09.11.24