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FABIENNE LEVY, LOVAY FINE ARTS ET WILDE GALLERY X QUARTIER DES BAINS, GENEVE

RENTREE ARTISTIQUE

La semaine dernière à Genève c’était la Nuit des Bains et la seconde édition de la Geneva Art Week. Sous l’impulsion de Yann Abrecht et Pol Le Vaillant, tout l’écosystème de l’art dans la cité de Calvin s’est fédéré pour offrir au public une riche proposition sur la scène culturelle tant institutionnelle que privée. Fait assez rare pour être souligné car à Genève, il semblerait que jusqu’à ce jour, ce soit la logique par quartiers qui ait prévalu.

Sélection d’expositions dans le quartier de Plainpalais où les propositions artistiques se suivent et ne se ressemblent pas.

Chez Wilde, Fabien Mérelle (1981) propose, pour cette quatrième exposition personnelle, Sur la branche, un voyage intime et universel à la fois, en suspension, entre ciel et terre.

Ses dessins et sculptures, d’une précision virtuose et d’une sensibilité sur le vif, se déploient avec une sincérité désarmante: amour, peur, vie et mort, tels sont les thèmes qui traversent l’oeuvre de Mérelle. À travers son personnage récurrent souvent affublé d’un pyjama, il habite ses propres compositions et intègre ses enfants qu’il met en scène dans ses dessins.

Au rez-de-chaussée, un monumental squelette incarne l’indifférence de la mort face à l’homme, qu’elle tient au creux de sa main: confrontation vaine et burlesque. Plus haut, sur les branches, l’élévation n’apporte pas toujours le répit tant espéré: vautours, solitude et mémoire douloureuse rappellent que l’errance n’est pas loin. Mais l’artiste y oppose une autre voie, celle d’un envol vers la légèreté et la poésie. Cet envol se prolonge dans les images de sa famille entourée d’oiseaux migrateurs. Par leur exemple, Mérelle transmet à ses enfants – et au spectateur – une leçon d’émancipation : saisir sa liberté, franchir les frontières, trouver ses propres ailes. Enfin, My only real job offre une clé de lecture : la branche, refuge fragile, devient un véritable foyer lorsqu’elle est habitée par l’amour et le partage. Avec Sur la branche, Mérelle nous confronte aux fondamentaux de l’existence tout en ouvrant des espaces pour la joie, aussi fugace soit-elle. Ses compositions, nourries d’ultra-réalisme et de fantaisie, invitent chacun de nous à apprendre, à son tour, à prendre un peu de hauteur, sans avoir le vertige. Jusqu’au 30 octobre.

www.gallerywilde.ch

Fabien Mérelle Expo 016
installation view ©Studio Eric Bergoend
Fabien Mérelle Expo 027
installation view ©Studio Eric Bergoend

 

Du côté de la Galerie Fabienne Lévy, à Lausanne et à Genève, c’est Anjesa Dellova (1994) qui prend ses quartiers jusqu’au 8 novembre avec Finding Words, Fighting Words. Dans ses compositions monochromes, l’artiste met en scène des figures humaines ou animales avec une touche dérangeante. Les personnages posent groupés (ou seuls) comme sur des photographies de portraits de famille: fuyants et frontaux à la fois, il est difficile de ne pas se laisser gagner par un certain malaise face à leurs grands yeux ronds, leurs contours flous et leurs teintes délavées.  Ces présences énigmatiques ont un caractère à la fois tendre et troublant. Inspirée notamment par les archives photographiques des Marubi, dynastie albanaise ayant documenté trois générations d’histoire et de portraits, l’artiste joue de cette tension entre objectivité et théâtralité, entre mémoire culturelle et dissolution de l’image.  Son œuvre interroge la difficulté d’intégrer une identité fragmentée dans un récit global, écho aux fractures et recompositions de l’histoire albanaise. Mais au-delà de cette dimension culturelle, Dellova inscrit ses recherches dans les problématiques universelles de la peinture : surface et profondeur, apparition et effacement. Ses toiles, rugueuses et vibrantes, refusent la logique d’aplatissement propre à l’ère numérique et à la mise en scène de soi dans l’arène publique.

www.fabiennelevy.com

Dellova 9 Low
Galerie Fabienne Levy
Dellova 13 Low
Galerie Fabienne Levy

Avec un programme pointu et hors de sentiers battus, la galerie Lovay Fine Arts, propose une première exposition de l’artiste Oliver Coran (1992, Philadelphie), qui vit et travaille à Berlin. En tant qu’homme transgenre, il explore dans son œuvre les questions de perception, d’identité et de matérialité. Accrochées aux cimaises de la galerie genevoise, Coran présente des œuvres récentes révélant une énergie électrisante, réalisées sur papier, toile ou plastique. Le plastique étant au cœur de sa recherche depuis dix ans, l’artiste développe une technique distinctive de peinture sur ce matériau en utilisant l’acrylique, l’encre, le métal et le papier. Inspiré à la fois par les écrans numériques et par la peinture japonaise sur verre inversé du XIXᵉ siècle, Coran peint sur les deux faces du plastique transparent, superposant plusieurs couches et jouant avec les effets de lumière, de reflet et de profondeur. Le support devient partie intégrante de l’œuvre, obligeant le regard à traverser la surface et créant des images en perpétuel mouvement. « Miroir, miroir », semblent nous dire les oeuvres de Coran: c’est l’imaginaire collectif des représentations du corps féminin à travers l’image de la pin up, de la muse qui nous interpelle ici. A voir jusqu’au 2 novembre.

www.lovay.ch

Oliver Coran Untitled 2025 Acrylic And Oil On Plastic 250 X 186 Cm Light
Oliver_Coran_Untitled_2025_Acrylic_and_oil_on_plastic_250_x_186 cm Light
Oliver Coran Untitled 2025 Acrylic On Plastic 43 X 30 Cm
Oliver_Coran_Untitled_2025_Acrylic_on_plastic_43-x-30-cm