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MEDARDO ROSSO X KUNSTMUSEUM BASEL

INVENTING MODERN SCULPTURE

« Medardo Rosso est sans aucun doute le plus grand sculpteur vivant »
Guillaume Apollinaire, 1918 
« Medardo qui? » C’est la question posée à Elena Filipovic lorsque, à un dîner où était présente une dizaine de personnes actives sur le marché de l’art, elle a dit préparer une exposition sur Rosso. A contrario,  le nom du sculpteur évoque une reconnaissance immédiate auprès des artistes. Rosso est alors hyper reconnu: sa démarche aussi radicale qu’innovatrice a sans doute plus d’influence aujourd’hui sur la nouvelle génération d’artistes que Rodin. Et cela, les artistes l’ont compris selon Filipovic.

Avec cette exposition monographique colossale, le Kunstmuseum de Bâle entend donner à Medardo Rosso la place qui lui revient dans l’histoire de l’art. Cela faisait plus de vingt ans que ce pionnier de la sculpture quasiment autodidacte était absent du paysage institutionnel suisse. Medardo Rosso, pour beaucoup, reste encore peu connu, et la rétrospective de ce printemps en coopération avec le mumok (Museum moderner Kunst Stiftung Ludwig Wien) s’emploie à changer la donne. Sous le commissariat conjoint de Heike Eipeldauer et d’Elena Filipovic, le travail de cet artiste franco-italien (1858 à Turin, Italie–1928 à Milan, Italie) est présenté dans les salles de Neubau avec une approche thématique afin de pouvoir mesurer l’ampleur de la portée de son art sur la pratique contemporaine. Pas moins d’une soixantaine d’artistes des cent dernières années dialoguent avec des oeuvres du sculpteur et permettent de comprendre l’immense talent de ce précurseur. Ainsi on retrouve Lynda Benglis, Constantin Brâncuși, Edgar Degas, Simone Fattal, David Hammons, Eva Hesse, Hans Josephsohn, Sherrie Levine, Meret Oppenheim, Auguste Rodin, pour n’en citer que quelques uns. 

Rosso l’anti-héros 
Souvent considéré comme « l’artiste des artistes », car nombreux sont ceux qui ont saisi l’aspect révolutionnaire de sa pratique, Rosso est aussi l’artiste qui célèbre la beauté dans l’ordinaire, la fragilité et l’impermenance du moment présent. A une époque où Rodin est le grand maître, où la Sculpture est héroïque, monumentale et conçue pour l’éternité, Rosso lui, déconstruit. Il travaille avec le bronze, le plâtre mais aussi la cire qui par nature est fragile, délicate et vouée à disparaître. Ses oeuvres, souvent de petite taille, penchées, imparfaites, laissent une part d’abstraction s’immiscer dans les visages qu’il compose. Un gout d’inachevé s’empare du spectateur dont le regard interroge la façon dont les sculptures sont « humanisées » et fragilisées dans leur posture. Ce sont des personnes ordinaires qui font partie de la vie quotidienne que Rosso s’attache à représenter. La modernité de l’approche « rossoesque » se trouve dans la volonté de capter l’émotion pure dans toute sa fugacité. Comme les impressionnistes le faisaient en peinture, il cherche à figer une impression, un instant déjà passé.
A travers plus de 50 oeuvres et quelques 250 photographies et dessins, l’exposition du Kunsthaus est une occasion rare de redécouvrir l’histoire de la sculpture moderne.
« Il n’y a ni peinture, ni sculpture, il n’y a qu’une chose qui vit. »
Medardo Rosso

Medardo Rosso, Inventing Modern Sculpture, KUNSTMUSEUM BASEL, 29.03 – 10.08.25 

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Bambino malato, 1895 Medardo Rosso 17.5 x 20 x 19.3 cm Museo Medardo Rosso, Barzio © mumok / Markus Wörgötter

 

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Ecce Puer
Medardo Rosso
Entstehungszeit: nach 1920 (Guss), 1906 (Vorlage), 1906 (nach 1920)
Creditline: Fabbri Federico
Photo Credit: courtesy Galleria Russo, Rome